Robert Estienne imprimeur de Guillaume Budé

Texte :

 

Tout le monde s’accorde à dire que Guillaume Budé (1468-1540) et Robert Estienne étaient amis, seulement il ne reste de cette amitié que ce qu’on en aperçoit dans le catalogue de l’imprimeur. On y voit apparaître Guillaume Budé à quatre reprises dans les ouvrages sortant des presses de Robert Estienne, mais seulement une fois du vivant de l’intéressé. Cela nous conduit à proposer une chronique en quatre dates.

1535. Guillaume Budé publie chez Robert Estienne un ouvrage qui sera considéré comme son testament : De transitu hellenismi ad christianismum (en français, Le passage de l'Hellénisme au Christianisme). Guillaume Budé livre sa réflexion sur les rapports entre philosophie et religion. La question qui tourmente l’érudit est : quelles conséquences aura l’humanisme pour le christianisme ? Les curieux peuvent se référer à l’édition de ce texte par Marie Madeleine de La Garanderie et Daniel Franklin Penham aux Belles Lettres (collection Les classiques de l'humanisme, 1993).

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1544. À sa mort en 1540, Guillaume Budé laisse un ouvrage inachevé : des notes formant une liste de formules juridiques latines. Après beaucoup d’hésitations, les fils de Guillaume Budé décident de les faire publier. Ils les confient alors à Robert Estienne, lequel écrit dans la préface : « ils nous autorisèrent le livre avec la règle suivante, à savoir que nous l’imprimions sur nos formes après l’avoir le plus diligemment possible collationné sur l’exemplaire original, et transcrit en prenant comme garants de très grands savants, à qui et l’esprit et la main de leur père ne seraient pas inconnus ». L’ouvrage paraît sous le titre de Forensia en 1544. L’année suivante, l’imprimeur confie le livre à Jean Du Luc pour que celui-ci transforme les Forensia en lexique bilingue, plus facile à utiliser : les Indices.

1548. Un des grands projets de Guillaume Budé était la publication d’un lexique grec. Les recherches de l’érudit aboutissent à l’édition des Commentarii linguae graecae, « vaste inventaire des richesses de la langue grecque dont les expressions étaient expliquées par référence au latin ». Cet ouvrage est imprimé en 1529 par Josse Bade, lequel est le beau-père de Robert Estienne. Guillaume Budé annotait son exemplaire des Commentarii linguae graecae pour y apporter corrections et ajouts. Comme pour les Forensia, ce sont les fils de Guillaume Budé qui remirent l’ouvrage annoté à Robert Estienne. Désormais trésor de la BnF, cet exemplaire annoté a servi à Robert Estienne pour établir une nouvelle édition – augmentée de « plus d’un tiers », dit l’imprimeur – qu’il publiera en 1548.

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1549. Cette année-là, Robert Estienne publie la deuxième édition de son Dictionnaire François-latin. Dans la préface « au lecteur », il rappelle ce qu’il doit à Guillaume Budé et lui rend hommage. Certains mots du dictionnaire sont marqués d’un B – pour Budé : Robert Estienne emprunte ces mots à une œuvre de l’humaniste, mais le signale aux lecteurs.

En complément de cette chronique, nous vous proposerons, dans quinze jours, une petite anthologie de textes de Robert Estienne évoquant Guillaume Budé : « noli altum sapere, sed time ».

Illustrations :

1. Portrait de Guillaume Budé. Source : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, NIM15639 – Gallica.

2. Page de titre des Forensia de Guillaume Budé. Source : Bibliothèque nationale de France – Gallica.

3. Page des Commentarii linguae graecae annotée par Guillaume Budé. Source : Bibliothèque nationale de France.

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