Cette chronique raconte la vie des Classiques à la Renaissance. Des contemporains de l’humaniste Guillaume Budé (1467-1540) permettent de voir comment l’Antiquité alimente la culture, la pensée et la langue de l’époque. Hommage à l’ancêtre du Gaffiot, l’imprimeur Robert Estienne est le premier invité des Amis de Guillaume Budé. Sa devise : « Noli altum sapere, sed time », c’est-à-dire « ne t’élève point par orgueil, mais crains ».
Comme nous l’avions évoqué, François Ier a commandé des caractères grecs, quand Robert Estienne est devenu, à la suite de Conrad Néobar, imprimeur du roi pour la langue grecque. Ces caractères sont donc appelés types royaux ou grecs du roi. C’est à eux que cette chronique est consacrée.
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			 L’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe (1544) est l’un des premiers ouvrages imprimés par Estienne avec les grecs du roi. Sur la page de titre, on peut lire « regiis typis » expression qui signale l’utilisation des types royaux. Source : Bibliothèque de Besançon.  | 
			
Comment sont créés les caractères d’imprimerie ? « Pour pouvoir imprimer un livre, il faut graver des poinçons, avec lesquels on frappe des matrices, dans lesquelles on fond les caractères, qui seuls, en définitive servent à composer le livre. » (Auguste Bernard, Les Estienne et les types grecs de François Ier) Les caractères grecs du roi ont été fondus en trois formats : le premier achevé fut « le caractère de moyenne grosseur, autrement dit gros-romain » qui servit à imprimer L’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe. En 1546, Robert Estienne publie un Nouveau Testament en grec avec « le petit caractère, autrement dit cicéro », puis en 1550, il utilise « le gros caractère, autrement dit gros-parangon » pour éditer le même texte en in-folio.
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			 Les caractères grecs gros-romain utilisés pour L’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe en 1544. Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Q-4636 – Gallica  | 
			
			
			 Les caractères grecs cicéro utilisés pour le Nouveau Testament imprimé par Robert Estienne en 1546. Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Q-4636 – Gallica  | 
			
			
			 Les caractères grecs gros-parangon utilisés par Robert Estienne en 1550 pour le Nouveau Testament. Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Q-4636 – Gallica  | 
		
Après la technique, voyons maintenant l’usage de ces types royaux. Ils n’étaient pas réservés à Robert Estienne ! Les grecs du roi étaient à la disposition de tout imprimeur qui souhaitait s’en servir. Il fallait alors faire figurer, sur la page de titre, la mention « regiis typis ». Robert Estienne touchait des appointements pour la garde des matrices de ces types royaux. Les poinçons, quant à eux, avaient déposés à la chambre des comptes.
Après les informations pratiques, place à l’anecdote avec l’histoire des caractères grecs du roi volés par Robert Estienne. Vrai ou faux ? La réponse dans deux semaines ! « Noli altum sapere, sed time ».
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