Albums – Alix Senator 1

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Des chroniques sur les bandes dessinées en lien avec l'Antiquité sous la plume de Julie Gallego, agrégée de grammaire et maître de conférences de latin à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour.

Image : Couverture d'Alix Senator 1

Alix Senator 1 – Aquilae cruoris
de Valérie Mangin et Thierry Démarez (Casterman, mai 2018).
Traduction latine d’Annie Collognat.

D’après la série créée par Jacques Martin.

Cet album est la traduction du premier tome de la série Alix Senator, Les Aigles de sang, paru en 2012. Ce n’est que le deuxième Alix (au sens large) traduit en latin ; le précédent Spartaci filius [Le Fils de Spartacus] remontait à 1983 et était le fruit de la collaboration entre Claude Aziza et Michel Dubrocard. On ne peut que se réjouir qu’Alix retrouve sa uox Latina et que la série puisse être lue en latin, comme c’est le cas pour Astérix depuis le début des années 70 ou plus récemment pour Murena.

La traductrice de cet Aquilae cruoris, Annie Collognat-Barès, est également l’auteure avec Marie Berthelier de manuels de latin de 5e (2017), 4e (2017) et 3e (2018) chez Magnard. Un partenariat avec cet éditeur a ainsi pu être mis en œuvre pour fournir aux enseignants quelques idées concrètes d’utilisation de cet Alix « en VO » en classe. Un lien étroit est fait entre la dernière version du manuel de 3e et ce premier Alix Senator en latin ; et l’on appréciera le fait que la BD n’y soit pas cantonnée à un simple rôle illustratif mais qu’il y ait vraiment des questions posées sur les cases retenues, permettant d’améliorer aussi les capacités des élèves en lecture de l’image.

On peut accéder à des documents complémentaires du manuel de 3e sur le site de Magnard. Sont mis à disposition les fichiers pdf « Découvrir Rome avec Alix » (5,4 Mo) et « Lire une BD en VO » (3,2 Mo), deux dossiers pédagogiques copieux offrant de nombreuses idées d’activités à mener avec des élèves de différents niveaux.

Casterman et la traductrice n’ont pas opté pour un lexique intégré à la fin de l’histoire, choix toutefois retenu pour un précédent album traduit par Annie Collognat-Barès, à savoir le 33e (et controversé) Astérix, intitulé Le ciel lui tombe sur la tête (éditions Albert René, 2005 pour la version française et 2007 pour Caelum in caput eius cadit). Toutefois, pour ce premier Alix Senator en latin, c’est un outil appréciable de presque trente pages qui est en ligne sur le site de Magnard, pour faciliter la lecture autonome des élèves sans les obliger à chercher tous les mots inconnus dans le dictionnaire. Ce lexique (pdf, 365 Ko) comporte également une liste de cinq errata et corrigenda en dernière page.

Dans les pages intérieures du début du manuel de 3e, neuf lieux emblématiques de Rome (l’aqueduc d’Appius, le Circus Maximus, le forum boarium, le théâtre de Pompée, les thermes d’Agrippa, le Panthéon, le temple de Jupiter Capitolin, la résidence d’Auguste, et son mausolée), représentés par neuf cases tirées de la BD en VF, ainsi que le Capitole, le Palatin et le forum Romanum, sont localisés sur une maquette de la Rome du ive s. apr. J.-C. (donc très nettement après les aventures d’Alix, fût-il maintenant devenu senator !). On notera qu’il s’agit non des photographies courantes des maquettes de Bigot ou Gismondi, mais d’une reconstitution moderne en 3D conçue par les studios Altair4.

Dans cet album, vous apprendrez ce que la fama disait de Julia, la fille d’Auguste, et de sa capacité à enchaîner les amants sans craindre pour la légitimité de la lignée impériale (p. 28) ; vous découvrirez sans doute que la charge de prêtre de Jupiter est restée vacante jusqu’à Auguste, en raison du suicide particulièrement violent et spectaculaire du flamen dialis Merula (p. 44). Et peut-être finirez-vous, après la lecture de la dernière planche (p. 48) par douter du récit fondateur de Suétone (Auguste, XCIV, 11) : Jupiter a-t-il vraiment envoyé son aigle pour désigner publiquement le jeune Octave comme le futur maître du monde… ou tout cela n’est-il qu’une manipulation politique de César ?

Julie Gallego

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