Rue de la Sorbonne - Blocus n'est pas un mot latin

Texte :

Les classiques sont bien vivants entre les murs de la vieille Sorbonne, où latinistes et hellénistes continuent d’inscrire les temps anciens au sein du monde moderne !

Malgré sa terminaison trompeuse, "blocus" est à bien des égards un faux ami, car "blocus" n’est pas un mot latin ! Que les anciens wallons aient eu recours à cette stratégie de blocage constitue un phénomène linguistique et militaire que je laisse aux spécialistes. Que des étudiants et leurs soutiens issus d’horizons souvent très divers le considèrent comme un procédé non seulement digne et utile mais aussi révélateur d’une maturité politique à la hauteur des enjeux me concerne davantage. Comment en sont-ils arrivés à l’étrange conclusion que par à un mouvement de paralysie, les plus fragiles seraient propulsés par l’ascenseur social, victime pour sa part, non pas de blocus, mais de blocage? Enfin, paralysie pas pour tous, car pendant que certains, habitants de la lointaine banlieue, se faufilaient dans les rares trains en circulation pour assister à d’hypothétiques cours qui n’auraient pas lieu, d’autres, installés sur place ou suffisamment favorisés pour habiter intra muros, échafaudaient des programmes alternatifs où la vacuité le disputait souvent à l’absurdité sur fond de dégradation de ce qui appartient à la communauté universitaire. L’on vit refleurir les ateliers non-mixtes, les groupes racisés, et les slogans qui tuent la protestation bien plus qu’ils ne la portent : il ne fallait rien moins qu’abattre le libéralisme, tuer le capitalisme... sans pour autant aller manifester sur la pavé parisien, sinon quid du blocus ? Pendant ce temps, Parcoursup, accompagné de son cortège d’injustice et d’arbitraire, a poursuivi son chemin, broyant les derniers espoirs de mixité sociale et d’égalité devant la formation.

Alors que la rentrée approche et que les dispositions concernant la licence (fin de la compensation entre autres) risquent de contrarier encore une fois nos protestataires, que peut-on souhaiter (pour ceux qui auront la chance de rentrer dans une université qui n’a pas été saccagée) sinon que les conditions soient réunies afin de permettre à tous l’accès à une formation de qualité?

Dans la même chronique

Dernières chroniques