Quatre séminaires de Pauline Le Ven (Yale University), professeure invitée au Département des Sciences de l’Antiquité de l’ENS.
1. Poésie et Posthumain en Grèce Antique : Anthropologie, Ontologie, Poétique
2. Avant, Après, et Par-delà les Émotions : Épopée et Affects
3. Voix lyrique et voix lithique : Poésie et Pierres
4. Média tragique : Poésie et Eau
Les jeudis 31 mars (salle Beckett), 7 avril (salle Cavaillès), 14 avril (salle Cavaillès) et 21 avril 2022 (salle Beckett), de 10h30 à 12h30.
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Contact : christine.mauduit@ens.psl.eu.
Pauline Le Ven est Professeure de grec à l’Université de Yale (USA). Ancienne élève de l’ENS (A/L 97) et lauréate d’une bourse Fulbright (2000-2001), elle a poursuivi des études doctorales en co-tutelle entre Princeton (USA) et la Sorbonne, et obtenu son doctorat en 2008. Le livre issu de sa thèse (The Many-Headed Muse: Tradition and Innovation in Late Classical Greek Poetry, Cambridge 2014) a été récompensé par le Heyman Prize. Son deuxième livre (Music and Metamorphosis in Graeco-Roman Thought, Cambridge) est paru en 2021 et un ouvrage co-dirigé avec Sean Gurd (le premier d’une série de 6 volumes intitulée A Cultural History of Western Music, dédié à l’Antiquité) devrait sortir en 2022. Elle travaille en ce moment sur deux ouvrages : une monographie (en collaboration avec Sean Gurd), The Musician in Nine Greek Myths, qui examine des aspects de la sociologie de la musique antique, et Greek Poetry and the Anthropocene qui étudie le rapport entre critique post-humaniste et poésie antique. C’est sur ce dernier livre que portent les séminaires qu’elle donnera à l’ENS.
(Salle Beckett)
Le premier séminaire est une introduction aux questions abordées dans le reste du cycle :
– Que sont le posthumain et ses variations (le transhumain, le non-humain, etc.) ?
– Quelle est l’utilité de ces concepts dans le cadre de l’étude de l’antiquité ? Quels sont les enjeux de l’emploi des méthodes de la critique posthumaniste pour des antiquisants, et les défis spécifiques à relever?
– En quoi la forme poétique influe-t-elle sur le type de questions et d’approches soulevées par les ‘posthumanités’ ?
La présentation revisite certaines scènes de la poésie homérique pour répondre à ces questions et présente certains outils clés de la critique posthumaniste contribuant à l’interprétation de textes anciens (en particulier l’argument de Katherine Hayles sur la virtualité originelle du corps, et le concept de « natureculture » proposé par Donna Haraway).
(Salle Cavaillès)
Le deuxième séminaire continue l’exploration de la poésie épique, d’Homère à Quintus de Smyrne. Il examine la contribution que peut faire, d’une part, une théorie de l’affect à l’étude de la poésie épique antique, et d’autre part, la contribution de l’étude de l’antiquité à différentes théories modernes (posthumanistes) de l’affect. La présentation met en particulier en avant l’idée que les poètes épiques souscrivaient à une vision de la corporalité qui ne limite pas l’humain aux confins marqués par la peau.
(Salle Cavaillès)
Le troisième séminaire est consacré aux rapports qu’entretient la poésie lyrique avec les pierres, de la période archaïque à la période impériale. Elle explore la façon dont la matérialité des pierres (représentées dans des poèmes ou utilisées comme support d’inscription) affecte l’expérience de la voix poétique, et en particulier l’interprétation de thèmes privilégiés de la poésie lyrique : le temps, la mémoire, et la vie.
(Salle Beckett)
Le dernier séminaire se concentre sur l’importance de l’eau dans la poésie tragique. Adoptant les contributions de la recherche féministe et des « humanités bleues » (Blue Humanities), le séminaire se concentre sur des scènes tragiques où l’eau (mer, rivières, larmes, etc.) est le medium donnant son sens aux interactions humaines. Il explore la façon dont le personnage tragique ne peut pas être uniquement interprété au sein d’interactions de langage, mais se comprend comme un être modelé (tout comme le spectateur tragique) par ses rapports avec un environnement physique et sensuel, et en particulier dans ses rapports avec l’eau.