En voyage avec Simonide de Céos (Jour 5)

8 août 2025
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Image : En voyage avec Apollonios de Rhodes & Simonide de Céos
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L’été est là, et avec lui la possibilité du départ, du chemin à suivre, de l’horizon à rejoindre. Pour accompagner la saison, La Vie des Classiques vous propose une série de textes antiques autour du voyage, réel ou imaginaire, terrestre ou spirituel, tantôt éprouvant, tantôt initiatique. Des errances d’Io aux haltes d’Horace, de la quête du Nil racontée par Hérodote aux traversées d’Apollonios de Rhodes, en passant par les lettres de Jérôme et de Sidoine Apollinaire, ces extraits choisis vous feront parcourir le monde antique au rythme de celles et ceux qui l’ont foulé, rêvé ou fui. Chaque semaine, un ou deux auteur(s), des textes, cinq étapes. Bonnes pérégrinations !

Cette semaine, place à la poésie ! Dans les passages que nous vous proposons de lire, Apollonios de Rhodes (IIIᵉ siècle av. n. è.) fait vivre à Jason et aux Argonautes des traversées épiques, entre roches mouvantes et jardins fabuleux. Simonide de Céos (VIᵉ siècle av. n. è.) donne quant à lui la parole à Danaé, dérivant sur la Méditerranée avec son fils Persée. Entre épopée et plainte, la mer livre ses secrets.

 

Le fragment 37 de Simonide de Céos relate le voyage ou plutôt l’errance de Danaé et de son fils Persée. Acrisios, père de Danaé, informé par un oracle que son petit-fils va le tuer, enferme la mère et l’enfant dans un coffre de bois envoyé à la dérive. Partis d’Argos dans le Péloponnèse, ils vont aborder sur l’île de Sérifos en mer Égée : c’est de là que, devenu adulte, Persée va aller combattre Méduse.

Sur la nacelle façonnée
Souffle le vent,
Et la vague l’emporte et la tient balancée.
Pâle d’effroi est Danaé.
Les larmes sur ses joues sans cesse vont coulant,
Et de ses tendres mains elle entoure Persée,
Elle lui dit : « Ô mon enfant,
Que j’ai de peine !
Mais toi, tu dors, mais toi, calme et doux est ton cœur
Sur cette barque de douleur,
Rivetée par ses clous de bronze,
Dans la ténèbre noire et parmi la nuit sombre.
Ah ! de rien tu ne t’aperçois,
Quand sur tes beaux cheveux vient la vague profonde,
Quand le vent élève sa voix,
Mais dans la laine rouge, ah ! tu es en repos,
Mon petit visage si beau !
Si le danger pour toi était bien le danger,
À mes paroles tu tendrais
Tes oreilles charmantes.
Mais allons, mon petit, dors, je te le demande,
Et que dorme aussi l’Océan,
Et dorme l’immense disgrâce
Ô Seigneur, montre-nous un destin plus clément,
Et si ces mots ont trop d’audace,
Et si toute justice ils passent,
Pardonne-les-moi cependant. »

Simonide de Céos, Fragments, 37,
texte traduit par Robert Brasillach, 1944