En voyage avec Sidoine Apollinaire (Jour 5)

15 août 2025
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Image : En voyage avec Sidoine Apollinaire
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L’été est là, et avec lui la possibilité du départ, du chemin à suivre, de l’horizon à rejoindre. Pour accompagner la saison, La Vie des Classiques vous propose une série de textes antiques autour du voyage, réel ou imaginaire, terrestre ou spirituel, tantôt éprouvant, tantôt initiatique. Des errances d’Io aux haltes d’Horace, de la quête du Nil racontée par Hérodote aux traversées d’Apollonios de Rhodes, en passant par les lettres de Jérôme et de Sidoine Apollinaire, ces extraits choisis vous feront parcourir le monde antique au rythme de celles et ceux qui l’ont foulé, rêvé ou fui. Chaque semaine, un ou deux auteur(s), des textes, cinq étapes. Bonnes pérégrinations !

À l’été 467, Sidoine Apollinaire (430-486) quitte Lyon pour rejoindre Rome. Il a été chargé par les notables auvergnats de présenter leurs doléances au nouvel empereur Anthémius. Dans la lettre à son ami Hérénius que nous vous proposons de lire cette semaine, il retrace avec esprit son voyage terrestre et fluvial, entre haltes officielles, paysages célèbres et épisodes plus inattendus.

 

Enfin, Rome se dessine. Le malade s’y traîne, se prosterne, prie… et guérit.

9. Inter haec patuit et Roma conspectui ; cuius mihi non solum formas uerum etiam naumachias uidebar epotaturus. Ubi priusquam uel pomoeria contingerem, triumphalibus apostolorum liminibus adfusus omnem protinus sensi membris male fortibus explosum esse languorem ; post quae caelestis experimenta patrocinii conducti deuorsorii parte susceptus atque etiam nunc istaec inter iacendum scriptitans quieti pauxillulum operam impendo.

Au milieu de ces vicissitudes, Rome enfin s’offrit à ma vue. Je me sentais capable de vider non seulement ses aqueducs mais encore les bassins de ses naumachies. Mais, avant même de franchir l’enceinte extérieure de la cité, j’allai me prosterner dans les églises triomphales des Apôtres et soudain je sentis que la maladie avait été tout entière chassée de mon corps affaibli. Après ces preuves de l’assistance divine, je trouvai asile dans un appartement d’hôtel que j’avais loué, et encore aujourd’hui où je t’écris ces mots de mon lit je me consacre au repos pour un peu de temps.

Sidoine Apollinaire, Correspondance, I, 5, 9,
texte établi et traduit par André Loyen,
« C.U.F. – série latine », Les Belles Lettres, 1970 (2023)