En voyage avec Sidoine Apollinaire (Jour 3)

13 août 2025
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Image : En voyage avec Sidoine Apollinaire
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L’été est là, et avec lui la possibilité du départ, du chemin à suivre, de l’horizon à rejoindre. Pour accompagner la saison, La Vie des Classiques vous propose une série de textes antiques autour du voyage, réel ou imaginaire, terrestre ou spirituel, tantôt éprouvant, tantôt initiatique. Des errances d’Io aux haltes d’Horace, de la quête du Nil racontée par Hérodote aux traversées d’Apollonios de Rhodes, en passant par les lettres de Jérôme et de Sidoine Apollinaire, ces extraits choisis vous feront parcourir le monde antique au rythme de celles et ceux qui l’ont foulé, rêvé ou fui. Chaque semaine, un ou deux auteur(s), des textes, cinq étapes. Bonnes pérégrinations !

À l’été 467, Sidoine Apollinaire (430-486) quitte Lyon pour rejoindre Rome. Il a été chargé par les notables auvergnats de présenter leurs doléances au nouvel empereur Anthémius. Dans la lettre à son ami Hérénius que nous vous proposons de lire cette semaine, il retrace avec esprit son voyage terrestre et fluvial, entre haltes officielles, paysages célèbres et épisodes plus inattendus.

 

Retour sur la route, avec une halte au Rubicon, frontière symbolique entre la Gaule et l’Italie. À Rimini, à Fano, les souvenirs des grandes batailles affleurent.

7. Unde progressis ad Rubiconem uentum, qui originem nomini de glarearum colore puniceo mutuabatur quique olim Gallis cisalpinis Italisque ueteribus terminus erat, cum populis utrisque Hadriatici maris oppida diuisui fuere. Hinc Ariminum Fanumque perueni, illud Iuliana rebellione memorabile, hoc Hasdrubaliano funere infectum : siquidem illic Metaurus, cuius ita in longum felicitas uno die parta porrigitur, ac si etiam nunc Dalmatico salo cadauera sanguinulenta decoloratis gurgitibus inferret.

Poursuivant notre route, nous arrivâmes au Rubicon qui tire l’origine de son nom de la couleur rouge des graviers de son lit et qui était autrefois la limite entre la Gaule cisalpine et l’ancienne Italie, lorsque les villes de la mer Adriatique étaient partagées entre les deux peuples. Puis je parvins à Rimini et à Fano, la première célèbre par la révolte de Jules César, l’autre teinte du sang d’Hasdrubal ; c’est là en effet que se trouve le Métaure, dont la gloire acquise en un seul jour se prolonge à travers les âges, comme si ses flots empourprés emportaient encore aujourd’hui des cadavres sanglants dans la mer de Dalmatie.

Sidoine Apollinaire, Correspondance, I, 5, 7,
texte établi et traduit par André Loyen,
« C.U.F. – série latine », Les Belles Lettres, 1970 (2023)