En voyage avec Hérodote (Jour 3)

23 juillet 2025
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Image : En voyage avec Hérodote
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L’été est là, et avec lui la possibilité du départ, du chemin à suivre, de l’horizon à rejoindre. Pour accompagner la saison, La Vie des Classiques vous propose une série de textes antiques autour du voyage, réel ou imaginaire, terrestre ou spirituel, tantôt éprouvant, tantôt initiatique. Des errances d’Io aux haltes d’Horace, de la quête du Nil racontée par Hérodote aux traversées d’Apollonios de Rhodes, en passant par les lettres de Jérôme et de Sidoine Apollinaire, ces extraits choisis vous feront parcourir le monde antique au rythme de celles et ceux qui l’ont foulé, rêvé ou fui. Chaque semaine, un ou deux auteur(s), des textes, cinq étapes. Bonnes pérégrinations !

Au livre II de ses Histoires, Hérodote (480-425 av. n. è.) s’interroge sur l’origine mystérieuse du Nil et rapporte les récits contradictoires qu’il a collectés. Entre observation, récit d’exploration et rêverie géographique, l’enquête de cette semaine offre un aperçu précieux de la méthode – souvent surprenante – de celui que Cicéron a nommé le « père de l’Histoire ».

 

Après des semaines de navigation et de marche, le voyage s’arrête au pays des Automoles. Au-delà, c’est l’inconnu.

30. Ἀπὸ δὲ ταύτης τῆς πόλιος πλέων ἐν ἴσῳ χρόνῳ ἄλλῳ ἥξεις ἐς τοὺς αὐτομόλους ἐν ὅσῳ περ ἐξ Ἐλεφαντίνης ἦλθες ἐς τὴν μητρόπολιν τὴν Αἰθιόπων. […]

31. Μέχρι μέν νυν τεσσέρων μηνῶν πλόου καὶ ὁδοῦ γινώσκεται ὁ Νεῖλος πάρεξ τοῦ ἐν Αἰγύπτῳ ῥεύματος· τοσοῦτοι γὰρ συμϐαλλομένῳ μῆνες εὑρίσκονται ἀναισιμούμενοι ἐξ Ἐλεφαντίνης πορευομένῳ ἐς τοὺς αὐτομόλους τούτους· ῥέει δὲ ἀπὸ ἑσπέρης τε καὶ ἡλίου δυσμέων. Τὸ δὲ ἀπὸ τοῦδε οὐδεὶς ἔχει σαφέως φράσαι· ἔρημος γὰρ ἐστὶ ἡ χώρη αὕτη ὑπὸ καύματος.

À partir de cette ville, vous atteindrez par bateau le pays des transfuges (Automoles), en autant d’autre temps que vous en aurez mis pour venir d’Éléphantine à la métropole des Éthiopiens. [...]

Le cours du Nil est donc connu jusqu’à une distance de quatre mois de navigation ou de marche, sans compter la partie qui est en Égypte ; en faisant le total des journées, on trouve effectivement que tel est le temps employé pour aller d’Éléphantine chez ces transfuges ; il vient de la région du soir et du Couchant. Pour ce qui est au-delà, nul n’en peut parler avec certitude ; car ce pays est désert, en raison de la chaleur excessive.

 

Hérodote, Histoires, II, 30-31,
texte établi et traduit par Philippe-Ernest Legrand,
« C.U.F. – série grecque », Les Belles Lettres, 1930 (2023)