Décembre sous le signe des mots grecs et latins !
Cette année, du 1ᵉʳ au 24 décembre, La Vie des Classiques vous propose un voyage quotidien au cœur des langues anciennes. Chaque jour, un mot grec ou latin – choisi pour sa beauté, son étrangeté, sa force évocatrice ou son actualité – sera présenté par l’un·e de nos auteur·trice·s. Étymologie, usages, petites histoires, dérivés modernes, sens perdus ou retrouvés… Ces mots ouvrent une fenêtre sur la manière dont les Anciens pensaient le monde, et sur la façon dont leurs mots continuent d’habiter le nôtre.
fabula
Fabula renvoie à une parole collective et le plus souvent anonyme (on dit que), même si le mot peut aussi s’employer pour des propos tenus dans la sphère privée. Or on sait ce qu’il en est des messages qui circulent dans l’espace ou dans le temps : leur véracité est sujette à caution. D’où l’acception fréquente de légende, mythe, voire sornettes, et son emploi pour désigner non seulement les fables où les animaux parlent mais aussi les pièces de théâtre (acta est fabula est la formule qui congédie les spectateurs). Et quand Horace, faisant la satire d’un avare bouche bée devant son or inutile, interpelle ainsi le lecteur : quid rides ? Mutato nomine de te fabula narratur (« qu’as-tu à rire ? En changeant le nom, c’est de toi que parle le conte »), il désigne l’espace même de la littérature, qui permet au lecteur avisé de retrouver la vie réelle par le détour d’une attrayante fiction...
Jean-Paul Plantive