Décembre sous le signe des mots grecs et latins !
Cette année, du 1ᵉʳ au 24 décembre, La Vie des Classiques vous propose un voyage quotidien au cœur des langues anciennes. Chaque jour, un mot grec ou latin – choisi pour sa beauté, son étrangeté, sa force évocatrice ou son actualité – sera présenté par l’un·e de nos auteur·trice·s. Étymologie, usages, petites histoires, dérivés modernes, sens perdus ou retrouvés… Ces mots ouvrent une fenêtre sur la manière dont les Anciens pensaient le monde, et sur la façon dont leurs mots continuent d’habiter le nôtre.
μῆνις
Μῆνιν ἄειδε, θεά, Πηληιάδεω Ἀχιλῆος
« Chante, déesse, la colère d’Achille, fils de Pélée… »
C’est par le mot « colère » (μῆνιν / mênin) que s’ouvre la littérature grecque, et par là-même la littérature du monde occidental. Il s’agit d’une des colères des Grecs : la plus divine, celle qu’aucun mortel ne peut ressentir, si ce n’est le mortel si proche des dieux qu’est Achille. La littérature grecque donnera d’autres types de colères, que nos traductions ne font que réduire à « ressentiment » ou « ire ». Parlons donc du κότος / kotos vengeur, du souffle θύμος / thumos, de la χολή / kholê viscérale ou de l’ὀργή / orgê générique, devenue la colère des Grecs actuels.
Pendant mes deux années de Master, ce mot m’a accompagné dans mes recherches sur le vocabulaire de la colère. Passant des œuvres épiques aux œuvres tragiques, le vocabulaire évolue doucement, ajoutant des connotations au fil des textes. C’est à mon tour de vous poser la question : quelle colère vous habite ?
Charles-Antoine Coypel, La colère d’Achille, huile sur toile,
147cm x 195cm, 1737, Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg, Russie.
Source : Wikimedia
Guillaume Diana