Décembre sous le signe des mots grecs et latins !
Cette année, du 1ᵉʳ au 24 décembre, La Vie des Classiques vous propose un voyage quotidien au cœur des langues anciennes. Chaque jour, un mot grec ou latin – choisi pour sa beauté, son étrangeté, sa force évocatrice ou son actualité – sera présenté par l’un·e de nos auteur·trice·s. Étymologie, usages, petites histoires, dérivés modernes, sens perdus ou retrouvés… Ces mots ouvrent une fenêtre sur la manière dont les Anciens pensaient le monde, et sur la façon dont leurs mots continuent d’habiter le nôtre.
ποικίλος
À l’image de sa signification, les effets sémantiques du mot sont variés. Dans ses acceptions concrètes, il s’applique à des objets bigarrés – comme la peau de panthère revêtue par Ménélas avant de partir au combat[1], emplis de ciselures ou couverts d’images : à Athènes, Poikilê désignait un portique décoré. Dans son emploi abstrait, il évoque la complexité, l’ambiguïté, la ruse, voire le mensonge : Hésiode qualifie ainsi Prométhée dans sa Théogonie[2]. Le propre et le figuré peuvent converger : quand Agamemnon, répondant à son épouse, désigne ainsi, en toute inconscience, les broderies sur lesquelles elle l’invite à marcher pour l’assassiner, le spectateur peut entendre aussi bien tapis de ruses que tapis brodés[3]…
Ce mot renvoie donc à la captieuse séduction des apparences : derrière l’attrait des couleurs variées ou des savants entrelacs se profile l’ombre du mensonge et de l’artifice. On peut s’en souvenir en regardant nos spots publicitaires...
Jean-Paul Plantive