Décembre sous le signe des mots grecs et latins !
Cette année, du 1ᵉʳ au 24 décembre, La Vie des Classiques vous propose un voyage quotidien au cœur des langues anciennes. Chaque jour, un mot grec ou latin – choisi pour sa beauté, son étrangeté, sa force évocatrice ou son actualité – sera présenté par l’un·e de nos auteur·trice·s. Étymologie, usages, petites histoires, dérivés modernes, sens perdus ou retrouvés… Ces mots ouvrent une fenêtre sur la manière dont les Anciens pensaient le monde, et sur la façon dont leurs mots continuent d’habiter le nôtre.
sparsio
Ce nom féminin, qui s’emploie surtout au pluriel (sparsiones), désigne des cadeaux que l’empereur, par liberalitas, fait distribuer au peuple. Ces distributions étaient offertes à l’occasion de jeux du cirque, de représentations théâtrales ou de spectacles de l’amphithéâtre. On les répandait alors sur la foule des spectateurs, à partir d’une sorte de hamac, actionné par des cordes, suspendu au-dessus de leurs têtes ; elles pouvaient être de l’or, de l’argent, des semences, des friandises, des fruits, des oiseaux vivants. Lors de la célébration des jeux Palatins par Caligula en 40 après J.-C., Flavius Josèphe rapporte que le spectacle scénique fut précédé de sparsiones : « Une quantité considérable de fruits fut répandue parmi les spectateurs avec un grand nombre de ces oiseaux qui sont prisés par leurs propriétaires pour leur rareté. »
Mais les sparsiones peuvent aussi être liquides, elles sont utilisées à partir du Ier avant J-C. Il s’agit d’arroser les spectateurs d’eau parfumée au safran, pour leur confort, pendant les fortes chaleurs. L’effet devait être celui d’une brume dorée ou orangée qui se déposait sur les têtes, parfois aussi sur la scène. Martial évoque à plusieurs reprises les acteurs glissant à cause de cette pluie safranée.
Nous avons là sans doute l’ancêtre des fumigènes colorés diffusés dans certains de nos spectacles ou de nos pluies de confettis.
La machine à pulvériser des édifices de spectacle romains (dessin de Jean-Claude Golvin)
Source : © Jean-Claude Golvin
Florence Garambois-Vasquez