Décembre sous le signe des mots grecs et latins !
Cette année, du 1ᵉʳ au 24 décembre, La Vie des Classiques vous propose un voyage quotidien au cœur des langues anciennes. Chaque jour, un mot grec ou latin – choisi pour sa beauté, son étrangeté, sa force évocatrice ou son actualité – sera présenté par l’un·e de nos auteur·trice·s. Étymologie, usages, petites histoires, dérivés modernes, sens perdus ou retrouvés… Ces mots ouvrent une fenêtre sur la manière dont les Anciens pensaient le monde, et sur la façon dont leurs mots continuent d’habiter le nôtre.
γλαυκῶπις
Cette épithète qualifie chez Homère la déesse Athéna. Si la fin du mot se rattache à ὤψ (ôps) le regard, le début est ambigu. L’adjectif γλαυκός (glaukos) a donné notre français glauque : il évoque un vert bleuté (on a parfois parlé des yeux « pers » d’Athéna), voire presque gris, celui des feuilles d’olivier. Mais curieusement il a aussi le sens d’étincelant. Enfin, c’est le génitif de γλαύξ (glauks), la chouette que les Athéniens faisaient figurer sur leurs monnaies. Athéna avait-elle des yeux pâles, scintillants, ou ceux de l’animal nocturne ? Ces mots, apparemment contradictoires, se complètent : le rameau d’olivier ne peut-il bercer la nuit, sous le regard sagace de l’oiseau, qui brille quand nous dormons ?
Tétradrachme athénien, v. 410 av. J.-C.
Source : Wikimedia
Anne-Marie Ozanam