Décembre sous le signe des mots grecs et latins !
Cette année, du 1ᵉʳ au 24 décembre, La Vie des Classiques vous propose un voyage quotidien au cœur des langues anciennes. Chaque jour, un mot grec ou latin – choisi pour sa beauté, son étrangeté, sa force évocatrice ou son actualité – sera présenté par l’un·e de nos auteur·trice·s. Étymologie, usages, petites histoires, dérivés modernes, sens perdus ou retrouvés… Ces mots ouvrent une fenêtre sur la manière dont les Anciens pensaient le monde, et sur la façon dont leurs mots continuent d’habiter le nôtre.
tempus
Voici un mot latin vertigineux : tempus, temporis, « le temps ». Il est banal mais si précieux. Il porte en lui la marque de l’Histoire de notre langue française. Et oui, à l’époque des romans de chevalerie, il s’écrivait différemment : « ce fu au tans qu’arbre florissent » lit-on chez Chrétien de Troyes au début de son Perceval ou le Conte du Graal.
Mais lorsque l’orthographe se fixe au XVIème siècle, les moines, avec malice, décidèrent que le français aurait l’air latin. Et voilà trois lettres muettes pour le mot temps ! Cela nous rapproche du passé alors que le temps fuit comme le chantait, le poète Virgile, en s’égarant à trop parler d’amour, tempus inreparabile fugit. « Le temps fuit », nous y pensons, nous l’écrivons, nous en souffrons. Quoi de plus universel que ce temps qui s’échappe ?
Il fallait bien des lettres en plus à ce mot français venu du latin et à cette inquiétude que tous les artistes chantent et représentent : de Ronsard aux Pink Floyd, à Ferré et à Cyndi Lauper.
Salvador Dalí, La Persistance de la mémoire, huile sur toile, 24 × 33 cm, 1931, Museum of Modern Art, New York, États-Unis.
Source : Historia/Arte
Charlotte Labro