Décembre sous le signe des mots grecs et latins !
Cette année, du 1ᵉʳ au 24 décembre, La Vie des Classiques vous propose un voyage quotidien au cœur des langues anciennes. Chaque jour, un mot grec ou latin – choisi pour sa beauté, son étrangeté, sa force évocatrice ou son actualité – sera présenté par l’un·e de nos auteur·trice·s. Étymologie, usages, petites histoires, dérivés modernes, sens perdus ou retrouvés… Ces mots ouvrent une fenêtre sur la manière dont les Anciens pensaient le monde, et sur la façon dont leurs mots continuent d’habiter le nôtre.
fero
Aurifère, déférer, référence, inférence, transférable… Tous ces mots contiennent le même radical issu d’un verbe latin : -fer-, tiré du verbe fero, « porter, supporter », dont la conjugaison est toute particulière.
Les latinistes ayant déjà rencontré ce verbe se souviennent probablement de ses temps primitifs qui semblent sortis de nulle-part et du présent qui semble aléatoire. « fero, fers, ferre, tuli, latum » : cinq formes qui sont si différentes et étranges, et qui font perdre le sens commun dans l’apprentissage du latin.
Je reste stupéfait d’observer qu’en français, le verbe « ferre » ne s’est conservé que des dérivés, mais qu’aucunement nous ne dirions « je fère une lettre à la Poste ». Pourtant, « reporter » et « différer » sont-ils si éloignés ?
La linguistique prouve aussi le parallèle avec le φέρω du grec : notre « « phér- » en français se prononce bien de la même manière dans « périphérique », mais on préfère toujours l’ « euphorie », avec le degré -o- du radical.
Trêve de linguistique : faut-il réinventer ce vieux verbe en français pour porter plus de sens ?
Giovanni Francesco Barbier, dit Guercino, en français Le Guerchin (1591-1666), Atlas portant le globe céleste, huile sur toile, 127 × 101 cm, 1645-1646, Musée Bardini, Florence, Italie.
Source : Wikimedia
Guillaume Diana