Anthologie – Un remède de cheval (Pélagonius Saloninus)

24 mai 2022
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Image : Couverture de Pélagonius Saloninus, Recueil de médecine vétérinaire
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Avec l’entrée de Pélagonius Saloninus dans la C.U.F., nouvellement édité, traduit et commenté par Valérie Gitton-Ripoll qui nous a récemment accordé un entretien, c’est un nouveau pan de la littérature latine qui devient accessible au public francophone. Et si nous ne savons pas grand-chose de l’auteur de ce Recueil de médecine vétérinaire, son œuvre est le témoin de toute une tradition de soins apportés aux animaux, et plus spécifiquement des chevaux et des mules qui étaient d’une grande utilisé et d’un prestige certain dans l’Antiquité. Dans la préface de son Recueil, que La Vie des Classiques vous propose aujourd’hui de lire, Pélagonius Saloninus présente alors son travail, qu’il dédie à un fervent admirateur des équidés…

Pelagonius Arzygio suo salutem dicit

<Cum> frequentissime te equos laudare, amare semper uehementer admirarer – nec inmerito rem tam nobilem, rem omnibus gratam amare non desinis, siquidem Sol ipse dominus orbis, decus mundi, solo equorum ministerio contentus cotidie nobis aut cum ipsis aut per ipsos reddit optabilem lucem – imitarer quidem te et ipse, ut de ipsorum laudibus aliquid scriberem, si digna proferrem ; nunc pauperem linguam nullus aut modicus sermo protelat, qui tamen tunc proferendus est, cum curas aut medicinas ipsorum loqui coepero. Tu lauda qui potes, tu dignus sermone prosequere, mihi sufficit sanare quod amo contentusque sum me ex tua claritate florere. Tibi enim quaeritur quicquid in nobis est, nobis enitet quicquid in te est. Curas igitur et medicinas, quibus ut sanum et uegetum corpus in animalibus, praesertim in equis, perseueret, iste liber loquetur : quem ut libenter suscipias, libentius legas deprecor. Vale.

Pélagonius à son cher Arzygius, salut

Plein d’une vive admiration pour toi qui très souvent fais l’éloge des chevaux, qui toujours les aimes – et ce n’est pas sans raison que tu ne cesses d’aimer une créature si noble, une créature appréciée de tous, puisque le Soleil lui-même, maître du globe, parure du monde, se contentant du seul service de ses chevaux, nous renvoie chaque jour la lumière désirable, avec eux ou par eux –, je voudrais bien t’imiter moi aussi, pour écrire quelque chose à leur louange, si je pouvais présenter des écrits dignes de ce nom. À la vérité, un style indigent ou modeste est attelé à une langue pauvre ; il faudra pourtant le dévoiler, ce style, quand je commencerai à parler des soins et des remèdes qui leur sont propres. C’est à toi de chanter leurs louanges, toi qui en es capable, c’est à toi, qui en es digne, de traiter le sujet ; il me suffit de soigner ce que j’aime, et je me contente de fleurir en recueillant un peu de ton éclat. Tu cherches en effet ce qu’il y a en nous, tandis qu’à nos yeux brille tout ce qu’il y a en toi. C’est donc des soins et des traitements par lesquels on peut maintenir en tant que sain et vigoureux le corps des animaux, et surtout des chevaux, que ce livre va traiter : je te prie de l’accueillir favorablement, et de le lire plus favorablement encore. Au revoir.

 

Pélagonius Saloninus, Recueil de médecine vétérinaire,
C.U.F., Les Belles Lettres
ed. et trad. Valérie Gitton-Ripoll