Les trésors de Persée – Version, traduction et didactique de la traduction : quelques réflexions à propos du latin

29 avril 2022
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La Vie des Classiques est allée à la pêche dans les trésors de Persée et vous offre propose aujourd'hui de lire un article de Ghislaine Viré sur la place de la traduction dans l'apprentissage de la langue latine.

EXTRAIT : Pourquoi aborder la question de la didactique de la traduction du latin, alors que, ni dans les universités, ni dans les écoles de traducteurs, il n’y a de formation à la traduction stricto sensu dans cette discipline et que, d’autre part, très peu de diplômés issus des filières de langues et littératures classiques sont amenés à faire de la pratique de la traduction leur activité professionnelle privilégiée ? La réponse à cette question se fonde sur plusieurs observations : tout d’abord, nul n’ignore que la lecture des textes constitue le coeur même des études classiques, qu’il s’agisse, pour le philologue, d’analyser le fonctionnement de la langue ou d’en exploiter les données dans une perspective littéraire, historique ou sociologique pour ne citer que quelques orientations possibles ; or, dès l’instant où les textes servent de base à toute recherche, la question de la traduction se pose inévitablement avec acuité. Le philologue qui s’intéresse à la traduction ne peut qu’être frappé de constater le petit nombre d’ouvrages consacrés à la traduction du latin, en comparaison des travaux, beaucoup plus nombreux et volumineux, qui touchent aux langues modernes ; à cette première constatation s’en ajoute une seconde qui porte sur la manière dont ces études abordent la question de la traduction, j’y reviendrai dans la suite. Ensuite, le lecteur des ouvrages relatifs à la traduction en général, ou à la traduction dans telle ou telle langue moderne en particulier, ne peut que s’interroger sur la raison d’être des notations qui émaillent çà et là ces études lorsqu’elles font allusion à la traduction du latin ; l’image de celle-ci y apparaît, en effet, souvent comme désincarnée et peu dynamique. Enfin, face au discours ambiant sur l’importance croissante des langues dans la formation, le latiniste est amené à réfléchir à la contribution de sa discipline au développement des compétences requises dans la pratique de la traduction.