[SACRÉ LUCIEN !] Anthologie - deux fables de Lucien de Samosate

22 juillet 2021
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Cette semaine, La Vie des Classiques vous propose de (re)découvrir une figure majeure de la littérature antique : Lucien de Samosate, “un des plus beaux esprits de son siècle”. Puisées dans les arcanes du site, voici pour vous quelques belles et bonnes pages...

Voici deux fables de Lucien de Samosate à retrouver dans les Fables grecques et latines de l'Antiquité

L’Âne couvert d’une peau de lion

[Le comportement des pseudo-philosophes nuit à la réputation des vrais.]

« Je ne pus supporter cette pièce honteuse, dans laquelle n’étant que des singes ils ont eu l’impudence de se parer de masques de héros, ou bien d’imiter l’âne de Cymè qui, couvert d’une peau de lion, prétendait devant les Cyméens, qui ne connaissaient pas cet animal, être un vrai lion, avec des braiements rauques et effrayants, jusqu’à ce qu’un étranger qui avait plusieurs fois vu des lions et ânes dévoilât la supercherie et le chassât à coups de bâton ».

Lucien, Le pêcheur, 32.
(trad. J. Bompaire, CUF)

Les Singes danseurs

[Lucien se moque des pseudo-philosophes, de leur cupidité et de leur fausse amitié.]

Chacun d’eux est ami tant qu’il n’est pas question d’argent ou d’or. […] C’est un peu ce qui se passe avec les chiens quand on jette un os au milieu d’eux : ils bondissent, se mordent entre eux et aboient après celui qui a pris l’os le premier. On raconte aussi qu’un roi d’Égypte enseigna jadis à des singes à danser la pyrrhique, et que ces animaux – qui sont très doués pour imiter les gestes des hommes – l’apprirent très vite et qu’ils dansaient drapés de pourpre et portant des masques. Le spectacle, ma foi, eut longtemps du succès, jusqu’au jour où un spectateur facétieux, qui avait des noix dans sa robe, les jeta en plein milieu. À cette vue les singes, oubliant la danse, redevinrent ce qu’ils étaient réellement, des singes, et non des danseurs de pyrrhique : ils brisaient leurs masques, déchiraient leurs vêtements et se disputaient la récolte. Le bel ordre de la pyrrhique avait disparu sous les rires des spectateurs.

Lucien, Le pêcheur, 36.
(trad. J. Bompaire, CUF)