Les 1001 Vies des Budés

11 octobre 2022
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Image : Édito Octobre 2022
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Amis des Classiques, à vos paniers!

Pour quiconque s’intéresse au grec et au latin, la collection des Universités de France fait l’effet d’une boîte de chocolats féérique qui jamais ne serait terminée. Il y en a toujours un nouveau qui sort, toujours un qui manque, tant qui sont encore attendus. Dans les bibliothèques savantes ou dans quelques librairies spécialisées, les « Budés » forment un mur coloré, un mur dont chaque brique est un miracle tant les lettres anciennes et leur transmission ne tiennent qu’à un fil, jusqu’ici incroyablement solide puisqu’il a résisté à l’extermination culturelle de quantités d’obscurantismes, des bibliothèques incendiées aux censures diverses et variées, sans oublier les démons intemporels de la paresse intellectuelle et de l’absence de curiosité. Ce manteau de savoir également rend modeste, tant il est vrai, et beau, que même les plus érudits ne les ont jamais tous lus. Cet automne offre l’occasion d’en connaître toujours plus car la collection a décidé de célébrer avec ses lecteurs la parution du volume 1001 en offrant une alléchante promotion.

Derrière ces 1001 « Budés »,  il y a 1001 histoires personnelles, des vies de femmes et d’hommes patients et passionnés qui mettent de la chair à ce vaste édifice d’intellect et de papier. Le tout jeune Léon Blum s’attelant à Flavius Josèphe, l’incroyablement prolifique Paul Mazon, à la postérité théogonique, le roman fleuve de l’édition d’Aristote, les récentes découvertes autour de la collection hippocratique, la traque aventureuse des fragments de l’Éloge funèbre d’une matrone romaine, ça et là une confidence de tristesse de la part d’un disciple lorsque son maître vient à disparaître, l’indignation d’un savant réfutant mordicus une hypothèse d’un de ses pairs, la jubilation, la chaleur et l’émotion d’un autre devant une découverte, parfois infime et, chez tous, l’amour fou et fidèle des lettres anciennes. Ces philologues le sont au sens étymologique : ils aiment, leur science, leur ténacité s’appuient sur ce sentiment. Ils nous rappellent que le plus beau dans les sciences humaines, c’est bien l’humain, de même que dans l’humanisme, c’est sa transmission, le passage à une ou un autre.

Jacqueline de Romilly, qui dirigea l'édition de Thucydide, racontait : « je ne voyais pas de tâche plus belle que de travailler à éditer un auteur pour la Collection des Universités de France, si souvent appelée collection Budé (…) présenter des textes qui répondent aux exigences de la recherche, mais sous une forme aussi légère que possible, et puis insister sur la traduction, obtenir qu'elle rende, ou s'efforce de rendre toutes les nuances du texte, et justifie par sa seule existence les choix ou les solutions adoptés, c'était vouloir offrir des textes qui soient indispensables pour les spécialistes mais accessibles à tous. Quel bel idéal ! »

Amis des Classiques, à vos paniers et chargez-les de beaux Budés !