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SILVES LATINES 2021-2022. VIRGILE, ÉNEIDE, CHANT VIII ; SAINT AUGUSTIN, LES CONFESSIONS, LIVRES I A IV

Texte :

La première de ces expériences vécue par Augustin est celle sur laquelle l’on a beaucoup glosé, pour ne pas dire phantasmé : la découverte de la sexualité. Pourtant, le récit qu’il nous en donne est des plus déceptifs. En effet, il ne nous donne guère de détails précis sur sa vie sexuelle à l’adolescence dans les livres II et III des Conf. : la sexualité n’y est finalement abordée que de manière symbolique, à l’aune d’une réflexion sur le péché (v. Le péché et la grâce). Par ailleurs, la description qu’Augustin en donne est assez décevante pour le lecteur en quête de détails grivois ; car, s’il dit très clairement le besoin qu’il avait besoin de jouir sexuellement de l’être désiré (Conf. III, 1, 1 : “Aimer, être aimé, m’était plus doux, quand je jouissais du corps de l’être aimé”), il ne nous dit ni avec qui, ni comment il a pu jouir, ce qui laisse la place à de très nombreuses hypothèses sur sa vie sexuelle, par exemple celle de rapports homosexuels (v. La concupiscence de la chair). En outre, la période de licence sexuelle qu’Augustin a connue s’avère extrêmement courte, puisqu’il se mit en couple avec une jeune femme à la suite d’une grossesse non désirée – jeune femme à qui il resta fidèle et qui lui donna un fils, Adéodat, dont on situe la naissance en 372 (Conf. IV, 2, 2). Étant donné qu’Augustin est arrivé à Carthage pour ses études en 370, cela signifie que sa période de licence sexuelle a duré un peu plus d’un an, ce qui est bien peu en définitive ! Enfin, et surtout, le constat qu’Augustin fait de cette expérience de la sexualité est en lui-même négatif et amer : “Je fus aimé ! j’en vins mystérieusement aux liens de la jouissance (ad uinculum fruendi), et joyeux je m’embarrassais dans un réseau de misère (aerumnosius nexibus), pour être bientôt livré aux verges de fer brûlantes de la jalousie, des soupçons, des craintes, des colères et des querelles” (Conf. III, 1, 1). Contrairement aux élégiaques romains qui pouvaient voir dans les querelles ou dans la jalousie le sel de la passion amoureuse, Augustin y décèle une logique mortifère. Il y a une part obscure du désir amoureux et sexuel qui conduit à tellement vouloir posséder l’autre et son corps, que l’on en vient à se perdre soi-même : le lien de la jouissance qui m’unit à l’autre est aussi le lien qui me condamne à me perdre moi-même.

Hauteur : 17,8 cm

Largeur : 12 cm

Nombre de pages : 250

Reliure : broché

Atlande 25€