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GRÉGOIRE DE NAZIANZE (SAINT) - Œuvres poétiques. Tome II : Poèmes épistolaires (II, 2, 1-8)

Texte :

L’édition des Poèmes épistolaires de Grégoire de Nazianze occupe dans la CUF le tome II d’une Série qui devrait rassembler les quelque 18.000 vers subsistants de l’œuvre poétique du Cappadocien. Ce second volume se rattache au Tome I, 1 (publié en 2004 par J. Bernardi, A. Tuilier et G. Bady), lequel contient essentiellement les deux autobiographies (2583 vers) du poète, tandis que le Tome II se compose de 8 épîtres (2025 vers). Le Tome I fournit l’importante étude de la tradition manuscrite qui doit servir de support philologique à l’ensemble des volumes et doit figurer de façon abrégée dans chacun des volumes suivants. Les Tomes I et II rassemblent donc les poèmes les plus autobiographiques de Grégoire, les Poemata de seipso et les Poemata ad alios, épîtres qui sont des missives authentiques, mais contiennent de nombreux éléments personnels, même quand le poète revêt l’identité d’un autre, tout en renvoyant constamment à son ego, comme le peintre « en abîme » dans son œuvre. Les épîtres en vers de la présente édition peignent un tableau, riche en couleurs, de la société aristocratique de l’Empire d’Orient, aussi bien dans les provinces d’Asie qu’à Constantinople. On ne peut oublier, par exemple, la vibrante évocation des moines et le vivant récit des « jeux » du cirque ou de l’hippodrome. Les épîtres présentent en effet un haut niveau de sophistication esthétique, dû à un culte fervent de la Poétique classique, avec ses lois, ses tropes et ses multiples figures.

Texte établi et traduit par : R. Michelle Bénin

Grégoire entre dans l’existence en 330, comme la nouvelle capitale impériale, Constantinople, et termine sa vie en 390, au moment où Théodose le Grand va interdire le paganisme et décréter le christianisme religion de l’Empire (391). Grégoire est né dans une famille chrétienne de Cappadoce, propriétaire de vastes latifundia. Son père est l’évêque, élu parmi les curiales, de l’Église de la petite cité de Nazianze, ce qui déterminera le destin de son fils, tenu de prendre sa succession. Or pour lui, comme pour beaucoup de jeunes intellectuels chrétiens de l’époque, épris des valeurs néoplatoniciennes (mépris de la chair, célibat, culte de la virginité, refus de procréer), le vrai christianisme ne se pratique que dans la vie monastique. Après dix ans d’études dans les grandes écoles sophistiques de l’Empire oriental et à Athènes (où il pourrait devenir enseignant), il obéit à sa véritable vocation : il se retire du monde avec son ami, l’Arménien Basile, et quelques autres condisciples, pour mener une vie d’étude et de prière. Mais rappelé par son père et poussé par Basile, devenu entretemps évêque de Césarée, il devient lui-même assistant, puis remplaçant, de l’évêque de Nazianze. Il connaît un moment de gloire lorsque Théodose l’intronise évêque de Constantinople et président du Concile de 381, d’où il démissionne et « s’enfuit », indigné par la corruption et l’inimitié de ses collègues. Contre eux, il lancera railleries et anathèmes dans de nombreux poèmes lyriques ou théologiques et moraux. Auteur d’une œuvre poétique immense, le Cappadocien représente brillamment le triomphe de la tradition grecque antique et l’assimilation, qui caractérise l’Antiquité tardive, de la culture classique par la littérature chrétienne.

R. Michelle Bénin (agrégée LC et docteur de Montpellier 3) est l’auteur de la thèse qui « ouvrit la voie » à l’édition critique projetée par son directeur, Jean Bernardi (spécialiste de la biographie et de l’œuvre en prose de Grégoire de Nazianze). J. Bernardi envisageait la publication de l’ensemble des œuvres poétiques de l’écrivain (plus de 18.000 vers) dont il n’existait pas d’édition mise à jour ni de traduction complète en français. Cette thèse (1988) proposait l’édition critique, la traduction et le commentaire du premier des poèmes de Grégoire, une autobiographie de près de 700 vers. Ce travail préparatoire, utilisé en partie dans le Tome I, devait être suivi de l’édition critique des Poèmes épistolaires, qui succèdent aux poèmes autobiographiques dans le classement de la Patrologie de Migne. L’édition des Poèmes épistolaires resta longtemps inachevée à cause d’évènements contraires, laissant la place au Tome I et à d’autres travaux et publications de son auteur sous l’égide de l’EPHE (Histoire des Religions). Enfin reprise et menée à son terme, l’édition des épîtres constitue la matière du présent Tome II de la série initiée par Les Belles Lettres.

Ed. Les Belles Lettres, 60,00€

400 pages
Livre broché
12.5 x 19.2 cm
Parution : 04/10/2021
EAN13 : 9782251006420