Concours CICERO - Entretien avec Lilou Marbais, prix Vita Latina

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Lors du concours CICERO 2019, Lilou Marbais, élève de khâgne A/L, a remporté le prix Vita Latina, qui récompense la meilleure copie de culture toutes catégories confondues (lycée et enseignement supérieur). La Vie des Classiques s'est entretenue avec elle. 

Comment vous présentez-vous : Quel âge avez-vous? Où habitez-vous? Quels-sont vos hobbies ?  Les livres et la musique que vous écoutez en ce moment? 

J’ai 18 ans et j’habite à Nancy, en Lorraine. J’ai toujours eu trois grandes passions dans ma vie : la lecture, l’écriture (principalement romans et nouvelles, quelques poèmes également) et la natation, que je pratique depuis bientôt 9 ans en compétition. Je suis actuellement en train de lire La grande révolution chinoise de John Fairbank (lecture khâgnale incontournable cette année !) et, pour le plaisir, je viens de commencer La septième fonction du langage de Laurent Binet. Pour ce qui y est de mes goûts musicaux, je penche surtout vers le hard rock et le métal, avec un attachement particulier pour deux groupes peu connus en France, Skillet et Icon for Hire.

Quand et comment avez-vous commencé à vous intéresser à l’Antiquité? Y-a-t-il eu des rencontres importantes?

L’Antiquité a très tôt été pour moi une source d’émerveillement et de passion. Dès que j’ai su lire, j’ai dévoré des romans se passant en Grèce ou en Egypte antiques, ou à Rome, et je pouvais passer des heures plongées dans des livres de mythologie (principalement gréco-romaine et égyptienne, mais aussi nordique, asiatique et amérindienne). Tous ces livres, et mon goût pour la mythologie, ont été pour moi les déclencheurs d’un intérêt profond pour cette période historique.

Comment s’est prise la décision d’étudier les langues anciennes? Qu’on dit vos parents? vos amis? Etudiez-vous aussi le grec?

Pour moi, c’était une évidence de commencer le latin en 5eme, pour satisfaire ma curiosité pour la civilisation gréco-romaine et également pour approfondir ma connaissance de la langue française en apprenant à connaître, notamment, l’étymologie. Mes parents m’ont tout de suite encouragée dans ce choix. Par la suite, en 3eme, j’ai pu commencer le grec.

Où et comment les avez-vous étudiés ? Avez-vous eu des enseignants de latin/grec marquants (terriblement bons ou mauvais!)

J’ai donc fait 2 ans de latin au collège, mais en 3eme, j’ai dû faire un choix : je pouvais commencer le grec ancien, mais comme les deux cours se chevauchaient, je ne pouvais pas conserver les deux. J’ai donc abandonné le latin au profit du grec jusqu’à mon entrée en hypokhâgne, où j’ai alors pu faire les deux en même temps. Je suis à présent en khâgne spécialité lettres classiques, donc ces deux matières constituent maintenant une part importante de mon emploi du temps !

J’ai toujours eu de bons voire très bons professeurs en langues anciennes. En entrant en hypokhâgne, cependant, je me suis rendu compte que si j’avais de si bonnes bases en grammaire grecque, c’était particulièrement grâce à mon professeur de grec en 2nde, M. Pellet. Mes enseignants en hypokhâgne ont aussi été très marquants, ne serait-ce que par leur grande gentillesse, particulièrement celui de latin (qui est devenu en khâgne mon professeur de grec) qui m’a acceptée dans le cours des confirmés malgré mes lointains souvenirs de collège et qui m’a permis de progresser à un rythme que je n’aurais pas cru possible, pour me permettre de rattraper mon retard par rapport aux étudiants qui avaient suivi six ans de cours de latin en continu.

Quel est le premier texte que vous avez traduit?

Je ne me souviens pas vraiment des textes que j’ai traduits au collège, ce devaient être des textes scolaires, adaptés. Pour le grec, je me souviens de notre premier extrait en 2nde, il s’agissait d’un passage de Lucien, tiré des Histoires vraies, sur les femmes-vignes. Pour le latin, je me souviens surtout de notre premier texte de version sur table en hypokhâgne, le premier texte que j’ai vraiment traduit par moi-même : un extrait de Valère-Maxime sur Mucius Scaevola.

Est-ce que vous trouvez ça difficile les langues anciennes? par rapport aux langues vivantes et aux maths notamment?

Il y a dans l’étude des langues anciennes et dans le travail de traduction quelque chose de très satisfaisant. Quand vous avez réussi à comprendre la structure d’une phrase, à voir comment elle s’articule, il y a un plaisir, un sentiment de victoire, qui ressemble beaucoup à celui qu’on a en terminant un puzzle ou en résolvant une équation. Comme les maths, les langues anciennes demandent beaucoup de rigueur, mais intuitivement, je trouve les maths, surtout à partir du lycée en filière scientifique, beaucoup plus ardues. Pour ce qui est des langues vivantes, je trouve que c’est totalement une autre approche ; on ne peut pas vraiment comparer l’étude du latin et de l’anglais, par exemple, ce n’est pas du tout le même fonctionnement.

Qu’est-ce que cela vous apporte dans votre quotidien? dans votre formation intellectuelle?

Je tire indéniablement du plaisir à me plonger dans des textes antiques. Je pense en outre que cela développe une grande rigueur, plus encore depuis que je fais du thème latin. Il y a également une ouverture d’esprit qui vient avec, on se confronte à une civilisation qu’on considère comme l’ancêtre de la nôtre, et pourtant il existe de grandes différences. Pour ma part, je peux en outre satisfaire ma soif de connaissances à ce sujet, que j’ai depuis toute petite.

Racontez-nous l’aventure du concours Cicero : développez

Je connais le concours Cicero depuis la 2nde, première année où j’avais participé, encadrée par mon professeur de grec. Je l’avais également fait en 1ere (où j’avais déjà obtenu le prix Vita Latina), mais pas en terminale, du fait d’une concentration d’examens et de concours dans la même semaine… De ce fait, en arrivant en hypokhâgne, j’avais envie de retenter l’expérience, surtout que je pouvais à présent participer à l’épreuve de version latine. J’ai beaucoup travaillé pour approfondir mes connaissances sur les animaux mythologiques, et l’épreuve de culture m’a paru, de manière surprenante, très simple ! Pour ce qui est du latin, je suis contente d’avoir pu rendre une copie que j’estime tout à fait potable, alors que je ne faisais du latin « pour de vrai » depuis à peine six mois ; la perspective de cette épreuve m’a poussée à travailler encore plus pour atteindre un meilleur niveau, et j’en retire les bénéfices encore aujourd’hui.

Vous étiez surpris(e) du résultat?

Je savais bien qu’en latin je ne pouvais prétendre à une récompense, ayant seulement six mois de pratique derrière moi, mais j’espérais une récompense en culture. Cependant, je ne m’attendais pas à obtenir de nouveau le prix Vita Latina.

Continuez-vous les langues anciennes l’an prochain? Pourquoi?

Maintenant, les langues anciennes font entièrement partie de ma vie, et j’envisage une carrière dans l’enseignement dans ce domaine. Ce sont vraiment les matières qui m’attirent le plus, et j’espère à l’avenir pouvoir apprendre d’autres langues dites « mortes ».

Citez un auteur de l’antiquité que vous avez lu (votre préféré par exemple) et un que vous souhaitez lire?

J’apprécie tout particulièrement Ovide, et la diversité de son œuvre le rend d’autant plus intéressant ! Du côté grec, je crois que mes auteurs favoris demeurent les trois tragiques.

J’ai récemment découvert Lucain et sa Pharsale en traduisant un extrait de lui, et j’aimerais lire en intégralité son œuvre.

Quel est le personnage historique/héros de l’Antiquité qui vous fait rêver? pourquoi?

J’ai toujours ressenti beaucoup de curiosité envers Hannibal, un personnage historique dont on ne sait finalement que peu de choses, vu que la majeure partie des sources le concernant sont romaines. De ce fait, je trouve ce personnage très mystérieux et j’aurais aimé savoir comment il était réellement.

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