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ANTHOLOGIE BILINGUE DE LA POESIE LATINE

Texte :

Le latin survit à la chute de Rome. Il demeure pendant un millénaire (au moins) la langue de la philosophie, de la religion, du droit, des sciences, de la poésie. Ce livre célèbre la rencontre de la poésie et du latin, sur plus de deux mille ans. Il propose des poèmes de Lucrèce et d’Érasme, de Virgile et de Pétrarque, d’Ovide et de Politien, de Thomas d’Aquin et de Pascal Quignard. Le temps passe, la langue évolue peu. Le Moyen Âge invente de nouveaux systèmes rythmiques, la rime apparaît, la métrique classique ne disparaît pas. Quand il compose Ver erat..., l’élève Rimbaud utilise le mètre qui règne en latin depuis deux mille ans, l’hexamètre dactylique. Les premiers vers de l’œuvre poétique qui va tout emporter sont un condensé de l’héritage latin.

Rien de tout cela n’eût existé si le latin n’avait été que la langue d’un passé aboli. C’est une langue faite pour la poésie. Sa douceur, sa musique, dulcedo et sonoritas, enchantaient le jeune Pétrarque avant même qu’il ne la comprenne. Sa souplesse favorise le libre jeu des mots dans le vers, qui deviendra la marque du parler poétique. « Dans certaines langues, il n’est même pas possible de vouloir ce qui a été réalisé ici », déclare Nietzsche parlant d’Horace. Beau défi lancé aux traducteurs. Il s’ajoute à d’autres : bien des poèmes ne sont pas datables, et nous ne savons rien de bon nombre d’auteurs. Mais l’essentiel est ailleurs, dans le pouvoir qu’a la poésie de faire basculer le langage vers autre chose que la simple signification. Un archéologue n’a que faire d’un objet non situé. Un poème sans date, dont l’auteur n’est qu’un nom, si sa beauté nous transporte, que perd-il ?

Pléiade 69€

1920 pages

105 x 170 mm